Bien que « le temps colle [à l’historien] comme la terre à la bêche du jardinier » (Braudel, 1958, p. 748), la nature du temps historien a fait l’objet de peu d’explicitations théoriques, tant par les historiens (Leduc, 1999) que par les didacticiens. Certes, les travaux sur la pensée historique n’ignorent pas le temps : il est intégré aux euristiques de Wineburg (2001) et présent dans les concepts mis de l’avant par Seixas (1996, 2000, 2004, 2012) et ses collaborateurs. Le temps historique ou historien n’a toutefois pas donné lieu à une définition approfondie qui permettrait de l’articuler aux concepts de pensée, perspective, méthode ou encore de littératie historiques. L’objet de cette communication est de soumettre à la discussion une proposition de définition et un essai d’opérationnalisation du concept de temps historien (Jadoulle, 2015, 2018, 2021; Pirard, 2021; Pirard & Jadoulle, 2019). Cette définition et cette opérationnalisation puiseront leurs racines dans trois sources : l’histoire et son épistémologie, la didactique de l’histoire et la philosophie, en particulier Kant et sa Critique de la raison pure (1781).